La route de l'Alpe d'Huez
La route de l'Alpe d'Huez : topographie et géologie
Devenue célèbre grâce au Tour de France cycliste, la route qui conduit de Bourg d'Oisans à l'Alpe d'Huez est très intéressante également du point de vue de la géologie. Les éléments remarquables se voient très bien quand on circule en voiture. La circulation étant souvent dense, il faut cependant éviter de stationner. On peut observer une différence d’aspect - et donc de nature géologique - entre les formations correspondant aux pastilles A et B, différence qui n’apparaît pas sur la carte morphologique (Fig.5).
Fig.6 Au gré des lacets, une curiosité : l’alternance entre le socle hercynien et la couverture sédimentaire alpine.
Il y a vingt et un virages entre le pied de la route et l'arrivée à l'Alpe d'Huez, numérotés en sens inverse de la montée (n° 21 en bas, n°1 en haut). Comme la route passe constamment des amphibolites gneissiques (socle) aux calcaires et schistes du Lias (couverture sédimentaire), on a vite fait de s'habituer à les différencier.
Le massif Rochail-Taillefer vu de l'Alpe d'Huez et son interprétation géologique.
Parmi les particularités géologiques que l'on peut voir sur cette photo, les plus importantes sont :
- le contact entre le socle hercynien et la couverture sédimentaire alpine. Il correspond au trait dessiné en pointillé rouge.
- le plissement de la couverture sédimentaire, bien visible dans la falaise de la montagne de Prégentil, souligné ici par un pointillé vert.
- la faille d'Ornon, grande cassure correspondant à une limite entre deux blocs basculés, tels que ceux marqués par les lettres BB sur les schémas de la figure 4 (partie occidentale). Cette faille est repérée ici par le plan dessiné en marron. Une autre faille, sensiblement parallèle et d'importance comparable passe au niveau du barrage du Chambon. La distance qui les sépare est d'environ 25 km. L'espace géographique qu'elles délimitent correspond au massif des Grandes Rousses, au nord, et au massif du Rochail, au sud.
L'ensemble Grandes Rousses-Rochail est appelé "bloc basculé" et non "bloc effondré" parce que l'effondrement dont il a été l'objet, au début de l'ère secondaire, a été beaucoup plus important dans sa partie Ouest que dans sa partie Est. Les soulèvements qui l'ont affecté plus tard n'ont pas modifié cette particularité, de sorte qu'aujourd'hui encore le contact socle/couverture de ce secteur reste incliné vers l'Ouest, alors qu'il était probablement horizontal au début du Trias (figure 4a).
Le découpage du massif des Grandes Rousses en mini-blocs
A l'intérieur du grand bloc basculé que constitue le massif des Grandes Rousses, il existe des mini-blocs, dont la largeur peut se limiter à quelques centaines de mètres. La figure ci-dessus, qui est une photo aérienne du massif, montre ce type de structure.
Le domaine situé au premier plan (où l'on reconnaît le lac Noir [N], le lac Besson [B], le lac de la Faucille [F] et le lac Carrelet [C]) est essentiellement composé de granites et roches associées. Il correspond à la zone coloriée en rouge sur la figure 5 et porte localement quelques résidus de couverture sédimentaire (grès et dolomies du Trias).
Le domaine situé au second plan, limité par les deux failles (traits rouges), est fait de gneiss et de micaschistes. Il correspond à la zone rose de la figure 5. Sur les cartes géologiques plus détaillées (BRGM et site web Geol-Alpes), le nom indiqué est "leptynite", qui est une variété de gneiss.
Le domaine situé à l'arrière plan, qui porte les sommets les plus élevés (Etendard, Pic Bayle, Pic du Lac Blanc) flanqués de névés et de glaciers, est également formé de gneiss et de micaschistes. Il correspond, lui aussi, à la zone coloriée en rose sur la figure 5.